Il était une fois ...18
Le "gros" brochet du pont !
Mon grand-père maternel, mon frère Alain et le brochet de Papa ! |
Comme de nombreux pêcheurs en barque, je pratiquais beaucoup la pêche aux vifs, il n'existait pas encore d'association "animaliste" pour nous montrer du doigt et cette technique très rependue était certainement la plus utilisée dans la recherche des poissons carnassiers.
Aux abords de ce pont qui surplombe la marne, j'avais déjà rencontré ce gros brochet quelques semaines avant, mais cette rencontre avait tourné à l'avantage du poisson qui s'était finalement décroché trop rapidement, me laissant juste la confirmation qu'il s'agissait d'un très gros poisson ...
C'est donc avec une belle perche d'une vingtaine de centimètres comme vif que j'avais décidé de retenter ma chance à ce même endroit et cela faisait bien deux heures que mon flotteur s'enfonçait puis remontait sous les tirées de ma belle zébrée, je commençais à me décourager quand soudain !
Le flotteur s'enfonce brutalement, puis remonte lentement le courant sous l'eau en restant bien collé le long de la pile du pont, sans saccades, en force ... Pas de doute, c'est mon brochet ...
Je saisis ma canne, mais je ne dois pas me précipiter pour assurer ma prise ...
Un peu de patience avant de ferrer ...
Seulement prendre contact tout doucement pour essayer de deviner sa position, mais il ne bouge pas ...
Je tire un peu sur le nylon et une "tape" sèche caractéristique me confirme qu'il est toujours au bout ...
J'attends encore un peu tout en restant au contact et soudain, il se déplace, je ferre "amplement" !
J'ai sous-estimé ce poisson, il est très costaud, me prend du fil en s'aidant du courant, pas de panique, je garde le contrôle, et après plusieurs longues minutes, il arrive enfin en surface, il est énorme ...
Ou du moins, ce sera le souvenir que je conserverais, car alors qu'il ne bouge plus, j'aperçois mon hameçon simple n°1 planté juste au bord de sa gueule arrachée et qui ne tient plus que par un petit morceau ...
J'hésite trop à l'attraper avec les mains, je vois son œil qui semble m'observer, je n'ai bien sûr pas d'épuisette, "mon père était contre" et lorsque je me décide enfin, c'est dans un grand sursaut plein d'éclaboussures qu'il arrache le morceau qui me reliait à lui et s'enfonce vers le fond me laissant apercevoir sa nageoire caudale énorme ...
C'est à ce moment que j'entends une voix familière qui vient du haut du pont juste au-dessus ;
__"et voilà !"
Je relève la tête et j'aperçois mon père accoudé au bord de la rambarde qui me sourit ...
Inutile que vous dire que je suis bien sur retourné sous ce pont, plusieurs fois, mais sans jamais recroiser ce gros brochet ...
Je ne sais plus si c'est le brochet ou le sourire de mon père qui m'a marqué le plus, mais finalement et certainement pour me consoler, je conserve toutefois un très bon souvenir de cette mésaventure ...
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