Il était une fois ... 6

Le gros "bec" du Doubs !


Il y a très longtemps, lorsque j'étais encore un adolescent, nous allions, avec mes parents en vacances durant quelques années dans le département du Doubs à côté de Pontarlier, pour être plus précis et pour être encore plus précis, dans une ferme de la "Cluse et Mijoux" ou nous louions un petit appartement.

Ces vacances ont peut-être été les meilleures de ma vie de pêcheur, nous allions pêcher sur le Doubs qui passait juste en dessous de la ferme à un kilomètre environ à pied et parfois nous prenions la voiture pour aller pêcher à la mouche sur la Loue à l'époque où il y avait pas mal de "chapeau à plumes" qui la fréquentaient.

Je me souviens que l'eau de la Loue était glaciale et il a fallu investir dans des cuissardes pour pêcher sereinement sinon, c'était les cuisses bleues assurées en quelques minutes, même en période d'été !

L'histoire que je vous raconte est celle de la première année de ces vacances, et comme habituellement, lorsque vous arrivez dans un nouvel environnement pour pêcher, vous vous empressez de prendre des renseignements auprès de la population locale afin d'orienter vos choix en matière de techniques de pêche adaptés à ce dernier.
 

Une petite balade dans ce très petit village me fit donc rencontrer un "vieux" du coin et lorsque je lui demandais "ce qu'il y avait à pêcher dans le Doubs qui passait juste en bas" il me répondit simplement qu'il n'y avait pas trop à se tromper et que pêcher la truite était bien l'axe qu'il fallait prendre sans hésitation ...

Après avoir acheté nos cartes de pêche chez le détaillant le plus proche, nous voilà donc en préparation de nos équipements pour nos sorties des jours suivants, je suis très impatient et je ne compte pas trop attendre que mon père soit disponible, me voilà donc prêt pour le lendemain matin à l'aurore équipé de mon petit "lancé" monté avec du nylon fin de 2kg ( à cette époque, pas de fluoro) et bien sûr de quelques cuillers "Mepps" n° 1 et 2 avec pour cible, les truites ...

Ce jour-là ne commence pas très bien ...



Il ne fait pas encore jour, je marche le long de la route principale, très motivé, en longeant les maisons pour atteindre le petit chemin qui mène à la rivière, je passe à côté d'un portail et alors que je l'ai pris pour une statue en pierre dans la pénombre, le grand corbeau noir qui était sur le pilier s'envole en rasant le dessus de ma tête !


Si je ne suis pas mort d'une crise cardiaque, c'est que je suis en bonne santé !

Je continue mon trajet et je tourne enfin dans ce petit chemin, du haut duquel on peut apercevoir la rivière dans la vallée, j'arrive ...

Mais mes déboires ne font que commencer, c'est aussi cela, la campagne, un tout petit chien hargneux sort d'une maison et vient m'aboyer dans les oreilles et comme il est minuscule, je l'ignore totalement, "erreur", il faut toujours se méfier de plus petit que soi et surtout ne jamais lui tourner le dos, le chien me "chope" le bas de la jambe et arrache mon pantalon (Je n’ai pas encore de cuissardes à cette période) avant de regagner son foyer !

Décidément, cette journée, qui se devait d'être somptueuse, s'annonce désastreuse, j'espère que le résultat de ma pêche sera bien meilleur.

J'arrive au bord de la rivière et je peux enfin tenter les truites avec mes cuillères.

Je longe les bordures du Doubs et je peigne les zones de courant, puis les remous, sans oublier de tenter les amortis où se cachent souvent les beaux poissons, mais aucune truite ne vient récompenser mes efforts !

J'arrive sur un trou plus profond qui part en s'élargissant, on aperçoit que difficilement le fond, même si l'eau est très claire en ce mois d’août.

Je passe cette zone, et au moment où je m'apprête à la quitter, j'aperçois une chasse à l'autre bout, les alevins sortant de l'eau en éventail fuyant le carnassier qui les poursuit.

Vite, j'ouvre le "pick-up" de mon moulinet, je vise, je lance ma petite cuillère n°2  "pile-poil" au milieu de la zone propice, je prends contact et je ramène mon petit leurre lentement, prêt à ferrer en cas de touche ...

Mais rien de se produit, je suis sur la fin du trou, là ou le fond est très faible et alors que j'aperçois ma cuillère qui tourne lentement, elle n'est plus qu'à quelques mètres de moi, je distingue soudain une ombre  énorme qui la suit, c'est un brochet et au moment ou elle va lui échapper, il ouvre tranquillement sa large gueule pour la gober et se retourner lentement pour retourner dans son antre !

Je ne sentirais pas grand-chose, sinon ce petit contact juste avant que le minuscule nylon ne soit coupé, comme on aurait pu le faire avec un ciseau bien aiguisé, décidément, ce n'est vraiment pas mon jour ...

Je repense à mon petit vieux du village qui m'a assuré qu'il n'y avait que des truites à prendre dans cette rivière ...

Je rentrerai le soir avec quelques petites truites au compteur, mais c'est avec la hantise de ce merveilleux brochet que je rêverais les nuits suivantes ...

Quelques jours après, je rencontre mon petit "vieux" et je lui raconte mes déboires, et il finit par me dire : "Ah oui, il y a bien quelques brochets dans la rivière, mais ce souvent des très gros !"

Inutile de vous dire que je retournerais plusieurs fois durant des heures pour traquer ce monstre qui ne devait pas être bien loin, car, à part ce trou, les autres zones étaient de faibles profondeurs.

Un soir, j'ai même pris une canne à vif avec un beau goujon frétillant comme appât et après plusieurs heures d'attente, lorsque mon flotteur s’enfonce, je pense retrouver mon gros brochet, mais après un ferrage appuyé, c'est finalement une belle truite qui apparaît en surface ...
Heureusement qu'au milieu de "ces brochets énormes", il y avait quand même quelques truites.

La fin des vacances arriva trop rapidement et nous sommes rentrés à la maison, le gros brochet du trou me hantera durant de nombreuses années, il était tellement beau !

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